Ce n’est pas la première fois que le président français fait preuve d’une dangereuse tolérance à l’égard des dictateurs et d’un étrange mépris pour la liberté de religion ou de conviction.
par Marco Respinti
Bitter Winter (18.04.2023) – Le président de la France, Emmanuel Macron, a résumé sa visite d’État de trois jours en République populaire de Chine et sa rencontre avec le président chinois Xi Jinping dans une interview donnée à bord de Cotam Unité (l’équivalent français d’Air Force One), qui a été publiée par Politico.com le 9 avril 2023.
“Bitter Winter” traite de la liberté de religion ou de croyance et des droits de l’homme, la première étant considérée comme la première des suivantes. Il ne traite pas directement de la politique. Ainsi, “Bitter Winter” ne s’intéresse pas au commentaire du président Macron selon lequel l’Europe doit réduire sa dépendance à l’égard des États-Unis et éviter d’être entraînée dans une confrontation entre la Chine et les États-Unis au sujet de Taïwan. De même, l’accent mis par M. Macron sur sa théorie de l'”autonomie stratégique” pour l’Europe, vraisemblablement dirigée par la France, afin de devenir une “troisième superpuissance”, n’intéresse pas “Bitter Winter”, même si cela peut facilement donner lieu à des commentaires humoristiques.
Nous le répétons, nous traitons des droits de l’homme et de la liberté de religion ou de conviction. Malheureusement, les attitudes et les paroles du président Macron les mettent en danger, et ce n’est pas la première fois. Commençons par Taïwan. Il se trouve que j’étais à Taïwan pour participer à un forum international sur la liberté religieuse alors que la RPC montrait ses muscles militaires à Taïwan et au monde entier en représailles à la visite de la présidente taïwanaise Tsai en Californie.
Les propos de M. Macron ont suscité une inquiétude et une tristesse généralisées. Ils touchent aussi directement aux droits de l’homme. Comme le montre l’exemple de Hong Kong, si la Chine envahit et conquiert Taïwan, les droits de l’homme et la liberté religieuse disparaîtront rapidement. Les arrestations arbitraires, la détention, la torture, les “disparitions” et les exécutions extrajudiciaires de journalistes indépendants, de militants prodémocratie et de chefs religieux qui n’acceptent pas de devenir des marionnettes du PCC suivront. Il ne s’agit pas de spéculations. C’est ce qui se passe réellement à Hong Kong.
Le langage utilisé par M. Macron semble stigmatiser ce que l’on a appelé la politique américaine de “gendarme du monde”. Sa critique affirme que ni un pays, à savoir les États-Unis, ni la communauté internationale ne peuvent jouer le rôle de policier à travers le monde, punissant les méchants et récompensant les bons. L’idée sous-jacente est que personne n’est habilité à détecter le bien et le mal en politique internationale, principalement parce qu’en politique internationale, le bien et le mal ne sont pas absolus, mais relatifs à l’intérêt et à la commodité.
Malheureusement, Macron a tort. Le bien et le mal existent également dans la politique internationale et devraient dicter la politique étrangère de tout pays épris de liberté et des institutions internationales. Certains pays ne respectent pas ces critères. L’un d’entre eux est la RPC, le pays des harcèlements, de la répression, de la violence, de la torture et des meurtres. Elle mérite d’être condamnée et isolée, et non apaisée et louée. Macron a semblé très intéressé par les affaires lors de son voyage en Chine, alors qu’il n’a pas mentionné les violations chinoises des droits de l’homme, ce que le Parlement français lui-même a qualifié de génocide au Turkestan oriental (Xinjiang), l’oppression du Tibet et de la Mongolie méridionale, et la répression accrue de la liberté religieuse.
Il ne s’agit pas d’un problème propre à la Chine. Le site web de l’Élysée, la résidence officielle du président français, où réside Macron, qui symbolise l’intégralité et la plénitude du pouvoir politique du pays, présente la “Déclaration des droits de l’homme et du citoyen” que la France a adoptée en 1789 et qui est au cœur de sa révolution visant à changer le monde entier.
Il existe également une traduction anglaise qui est pratiquement officielle. Comme le rappelle le site web, son adoption en 1789 “a marqué le début d’une nouvelle ère politique. Depuis, elle n’a jamais cessé d’être un texte de référence. La Vème République”, ou l’actuelle, dont Macron est le chef, “affirme explicitement son attachement à ce texte, en le citant dans le préambule de sa Constitution, et le Conseil constitutionnel a reconnu sa valeur constitutionnelle en 1971.”
L’article 1 de la Déclaration stipule : “Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur des considérations de bien commun”. L’art. 2 stipule : “Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’Homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l’oppression”. Et l’art. 10 proclame : “Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public”.
Ces articles devraient obliger la France, dont Macron est l’actuel président, à empêcher toute atteinte aux droits fondamentaux, aux libertés et aux opinions des femmes et des hommes. Ces principes devraient inspirer à la fois la politique intérieure française et ses relations internationales. Ce n’est pas le cas.
Sans même parler d’une certaine ambiguïté dans les réactions de Macron à la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine, “Bitter Winter” a noté qu’un groupe d’universitaires ukrainiens, dont pratiquement tous les professeurs titulaires d’études religieuses en Ukraine, ont écrit deux fois à Macron pour lui signaler que la France finance la FECRIS, l’organisation faîtière de l’association européenne contre les “sectes”, l’organisation faîtière de l’association européenne contre les “sectes”, et que la FECRIS comprend une branche russe dont l’une des principales activités est de soutenir l'”opération militaire spéciale” et de calomnier l‘Ukraine et son gouvernement depuis 2004, en le présentant faussement comme une “marionnette des sectes”. “
Macron n’a jamais répondu, et la France a déclaré dans des conférences internationales qu’elle continuerait à financer et à soutenir la FECRIS. Cette même FECRIS, ainsi que des organisations anti-sectes françaises également soutenues par le gouvernement français, ont également coopéré avec la Chine dans sa répression sanglante du Falun Gong, de l’Église du Dieu tout-puissant et d’autres mouvements religieux persécutés.
Macron a un problème avec les droits de l’homme et la liberté de religion ou de conviction, et c’est un vieux problème français. Le 31 mars, un journal que l’on peut difficilement accuser d’être anti-français, “Le Monde”, a publié un long article sur “l’exceptionnalisme français dans le domaine de la liberté religieuse”. En raison de l’héritage antireligieux de la Révolution française, la France a une attitude de suspicion à l’égard de la religion qui est unique en Europe. “Le Monde rappelle à ses lecteurs que la France, qui se targue d’être la mère patrie des droits de l’homme, a attendu plus de vingt ans avant de ratifier la Convention européenne des droits de l’homme de 1953, ce qu’elle n’a fait qu’en 1974. Elle ne l’a fait qu’en 1974.
La raison de ce retard, note “Le Monde”, est que la France était réticente à ratifier l’article sur la liberté de religion ou de conviction, parce qu’il protège les droits communautaires des organisations religieuses, alors que dans la tradition juridique française post-1789, la liberté de croyance est un droit accordé par l’État aux individus, et non aux communautés. L’article note que ces dernières années, les problèmes français en matière de liberté religieuse se sont poursuivis avec des lois et des règlements contre les “cultes” (“sectes” en français), le “séparatisme” religieux, le voile islamique et la présence de croix ou de scènes de la Nativité dans les espaces publics.
L’étrange complaisance de Macron à l’égard des régimes totalitaires et la mise entre parenthèses des droits de l’homme, en particulier de la liberté religieuse, ont été expliquées en faisant référence à ses racines dans le monde des affaires plutôt que dans celui de la politique, ce qui le rend plus sensible aux opportunités pour les entreprises françaises de faire des affaires avec la Russie ou la Chine qu’aux questions d’ordre moral. Toutefois, en ce qui concerne la religion et les croyances, certaines particularités historiques françaises pourraient également expliquer l’attitude de M. Macron.
Marco Respinti est un journaliste, essayiste, traducteur et professeur italien. Il a contribué et contribue à plusieurs revues et magazines, tant sur papier qu’en ligne, en Italie et à l’étranger. L’un de ses livres, publié en 2008, porte sur les droits de l’homme en Chine. Chercheur principal au Centre Russell Kirk pour un renouveau culturel, un organisme d’éducation américain non partisan et à but non lucratif basé à Mecosta, Michigan, il est également membre fondateur et membre du conseil d’administration du Centre pour le renouveau européen, un organisme d’éducation paneuropéen non partisan et à but non lucratif basé à La Haye, aux Pays-Bas. Il est directeur responsable du Journal de CESNUR et de Bitter Winter.