02/08/2019 Wang Anyang

Le PCC surveille et arrête des missionnaires étrangers dans toute la Chine dans le cadre d’une campagne nationale. Il oblige ainsi les croyants à se rassembler en secret et à dissimuler leur foi.

Sur la base du Plan de travail national de l’Opération spéciale d’enquête et de lutte contre l’infiltration chrétienne à l’étranger conformément à la loi, publié l’année dernière par le Département du travail du Front uni et le Ministère de la sécurité publique, les autorités chinoises répriment les mouvements et les groupes religieux étrangers dans toute la Chine. Les croyants chrétiens sud-coréens sont la cible principale de ces mesures de répression, mais d’autres groupes sont aussi explicitement nommés dans le document. Il s’agit des Jeunes Disciples de Jésus, des Témoins de Jéhovah, de Cru (connu sous le nom de Campus Crusade for Christ jusqu’en 2011), de l’Église évangélique luthérienne, de l’Église Bo’ai, de Loving Heart Church (사랑 교회), et de Canaan Church (가나안 교회).

Les Témoins de Jéhovah souffrent beaucoup depuis le lancement de cette opération spéciale. Ils sont fréquemment arrêtés et déportés et ceux qui restent en Chine sont obligés de cacher leur foi.
Missionnaires arrêtés après avoir été longuement surveillés

À la mi-mai, deux missionnaires des Témoins de Jéhovah japonaises sont revenues à Harbin, dans la province du Heilongjiang, au nord-est du pays, après s’être rendues au Japon pour y obtenir des visas. Le lendemain, la police les a arrêtées dès qu’elles ont quitté leur résidence.

Les agents de police ont dit aux missionnaires qu’ils les surveillaient depuis longtemps. Les officiers ont ensuite donné aux femmes des déclarations de garantie à signer où elles devaient promettre de ne pas retourner en Chine pour prêcher. Les deux missionnaires ont refusé de signer le document parce que le texte contenait la phrase « Je regrette d’être venue en Chine pour prêcher ». Les croyantes se sont rendues en Chine de leur plein gré et n’ont jamais regretté leur décision.

Un coreligionnaire des missionnaires qui a souhaité rester anonyme a révélé qu’après l’interrogatoire qui a duré plus de dix heures, l’une des femmes a été emmenée à l’aéroport et déportée au Japon ; elle n’a même pas eu le droit de prendre avec elle quelques affaires. L’autre missionnaire a également été libérée mais déportée seulement trois jours plus tard.

« La police a surveillé la missionnaire pendant trois jours. Si elle avait été en contact avec d’autres missionnaires étrangers, ils auraient tous été arrêtés » : c’est ainsi que le croyant nous a expliqué le raisonnement de la police qui a laissé l’une des missionnaires rester trois jours de plus. Le PCC emploie souvent cette tactique de surveillance constante d’un croyant pour atteindre un groupe plus large. Il a ajouté que plus d’une douzaine d’autres Témoins de Jéhovah avaient également été arrêtés, dont une personne âgée.

« La Chine est une dictature à parti unique. Les étrangers ne sont pas autorisés à venir en Chine pour prêcher. Le PCC craint que des idées religieuses étrangères n’influencent les chrétiens chinois », a déclaré le croyant. « Le Parti communiste craint que les Témoins de Jéhovah ne menacent son pouvoir, alors il s’entête à nous reprocher d’organiser des “rassemblements illégaux”. »

Selon des sources internes, l’arrestation des deux missionnaires s’inscrit dans le cadre d’une opération d’arrestation unifiée visant les groupes religieux étrangers, mise en œuvre dans d’autres régions de Chine, comme dans les provinces du Guangdong et du Hunan.
Il est capital d’adopter des mesures de précaution

Alors que le PCC continue d’intensifier sa répression contre les églises avec des liens à l’étranger, les missionnaires étrangers ont adopté tout un éventail de mesures pour se protéger en déguisant notamment leurs lieux de rassemblement, en étant extrêmement prudents dans leurs paroles et leurs actes et en veillant même à leur tenue vestimentaire en public.

Selon un missionnaire des Témoins de Jéhovah du Japon qui réside dans la province orientale de Shandong, leur Église organise depuis mai ses rassemblements en de multiples petits groupes pour échapper à la persécution du PCC. L’un de leurs lieux de rassemblement est caché dans un immeuble résidentiel, déguisé en lieu d’activités commerciales. Une caméra de surveillance a été installée à l’entrée pour voir qui se trouve devant la porte. Il s’agit d’une mesure vitale en cas d’inspection gouvernementale.

« En ce moment, nous traversons une période qui n’est pas favorable. Le gouvernement exerce de fortes pressions. Il ne peut pas y avoir trop de monde à nos rassemblements ; nous devons nous diviser en petits groupes », explique la missionnaire. « Lorsque nous organisons des rassemblements, nous préparons à l’avance des fruits, des collations et toutes sortes d’aliments. Si quelqu’un frappe à la porte, on ne doit pas l’ouvrir tout de suite. Nous devons d’abord ranger nos bibles et autres livres religieux, sortir la nourriture, puis ouvrir la porte. Si quelqu’un nous pose des questions, on lui dira qu’on regarde la télé et qu’on discute. »

Elle a ajouté que lorsque les croyants venaient assister aux rassemblements, ils devaient frapper doucement à la porte un certain nombre de fois comme convenu à l’avance. Le jour comme la nuit, ils tirent toujours les rideaux et allument les lumières. Ils jouent de la musique doucement pendant les rassemblements, et les croyants ne peuvent que fredonner ensemble. Quand les rassemblements sont terminés, les croyants partent chacun de leur côté, jamais en groupes.

Ils utilisent toujours un langage codé lorsqu’ils se parlent au téléphone. Si les croyants organisent un rassemblement par téléphone, ils diront par exemple « Allons faire du shopping ensemble », ou encore « Allons manger dehors ».

La femme a dit qu’il est également impératif d’empêcher les espions du PCC de s’infiltrer dans l’église. Lorsque les nouveaux arrivants demandent à assister à des rassemblements à l’église, ils ne sont pas immédiatement acceptés. La congrégation doit d’abord observer la nouvelle personne pendant environ six mois. Ce n’est qu’après avoir déterminé que la foi du nouveau venu est bien réelle qu’il sera amené à l’église pour participer aux rassemblements.

Reportage : Wang Anyang

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