L’ancien chef de la MIVILUDES et membre de son conseil d’orientation s’est vu saisir 5 000 euros plus les intérêts sur son compte bancaire.

Par

Photo : L'interview de Fenech du 12 septembre 2014, pour laquelle il a été condamné. Capture d'écran.

Photo : L’interview de Fenech du 12 septembre 2014, pour laquelle il a été condamné. Capture d’écran.

Bitter Winter (19.05.2023) – Nous avons évoqué il y a quelques jours la curieuse relation entre la MIVILUDES, l’agence gouvernementale française de lutte contre les sectes, et la belle ville de Caen, qui est en train de devenir synonyme de malchance pour cette organisation controversée. Au début du mois, pour éviter une audience au tribunal de Caen, la MIVILUDES a dû republier son dernier rapport annuel en y incluant la réponse de l’Eglise de Scientologie.

Confirmant le célèbre dicton de Marx selon lequel l’histoire se répète souvent deux fois, la première fois sous forme de tragédie et la seconde sous forme de farce, quelque chose dans l’air de Caen a de nouveau troublé la MIVILUDES en la personne de son ancien chef et maintenant membre de son Conseil d’orientation Georges Fenech. Celui-ci est bien connu comme étant un archi-antisecte, mais également comme un touriste occasionnel en Crimée, où il est allé applaudir Poutine pour son annexion illégale de ce territoire ukrainien.

Le 12 septembre 2014, Fenech a été interviewé par la radio Europe 1 et a déclaré sans équivoque que la Scientologie était coupable des crimes (y compris d’abus de faiblesse) pour lesquels elle était jugée à Versailles. Il s’agissait d’une affaire dans laquelle un procureur considérait comme répréhensible qu’une entreprise locale ait organisé pour ses employés des cours (sur des sujets non religieux) avec des enseignants qui étaient membres de l’Église de Scientologie. Dans tous les pays démocratiques, il existe un principe appelé “présomption d’innocence”. Chaque citoyen a le droit d’être considéré comme innocent jusqu’à ce qu’il soit déclaré coupable par une décision finale d’un tribunal.

En 2014, l’affaire de Versailles était en cours. Elle l’est toujours aujourd’hui. Le 23 janvier 2017, le tribunal de première instance de Caen a donné raison à Fenech en le déclarant non coupable. Cependant, le 18 décembre 2018, la Cour d’appel de Caen a infirmé la première décision et a conclu que Fenech avait violé le droit de la Scientologie à la présomption d’innocence. La Cour d’appel a noté que le comportement de Fenech devait être jugé plus sévèrement que s’il s’agissait d’un simple citoyen. En tant qu’ancien magistrat et ancien président de la MIVILUDES, les personnes qui ont écouté son interview ont pu trouver ses déclarations particulièrement fiables et crédibles.

Fenech a donc été mis en demeure de ne plus violer le droit à la présomption d’innocence de la Scientologie et condamné à verser 5 000 euros à la Scientologie, ainsi que des dommages et intérêts et des frais de justice.

Fenech se présente comme un défenseur du respect des lois de la République française, et accuse constamment les “sectes” de les enfreindre. Les lois de la République sont claires : les décisions de justice doivent être respectées, même si l’on n’est pas d’accord avec elles.

Or, Fenech n’a pas respecté la décision de la Cour d’appel de Caen. Pendant quatre ans, malgré plusieurs rappels, il n’a pas payé sa dette à l’Eglise de Scientologie.

Finalement, il est arrivé à Fenech ce qui arrive aux débiteurs en retard de paiement. Un huissier l’a sommé de payer. Il ne l’a pas fait et l’huissier a saisi la somme sur son compte bancaire, majorée de 1 139,51 euros à titre d’intérêts. Les fonds ont été transférés sur le compte de l’Eglise de Scientologie le 26 avril 2023. Une copie du dossier est en possession de Bitter Winter.

La France a offert au monde une pochade et du vaudeville, et les Français sont généralement admirés pour leur facilité à rire de bon cœur. Cette fois, ils peuvent rire aux dépens de Georges Fenech, un homme de loi qui, non content d’avoir violé une fois la loi sur la présomption d’innocence, a décidé de la violer deux fois en ne payant pas ce à quoi il a été condamné. Inévitablement, il a fini par se faire prélever l’argent sur son compte bancaire, comme un vulgaire mauvais payeur.

Massimo Introvigne (né le 14 juin 1955 à Rome) est un sociologue italien spécialiste des religions. Il est fondateur et directeur général du Centre d’études sur les nouvelles religions (CESNUR), un réseau international d’universitaires qui étudient les nouveaux mouvements religieux. Massimi Introvigne est auteur de près de 70 ouvrages et de plus d’une centaine d’articles dans le domaine de la sociologie des religions. Il est l’auteur principal de l’Enciclopedia delle religioni in Italia (Encyclopédie des religions en Italie). Il est membre du comité de rédaction de l’Interdisciplinary Journal of Research on Religion et du comité exécutif de Nova Religio des Presses universitaires de Californie. Du 5 janvier au 31 décembre 2011, il a été représentant de l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) pour la lutte contre « le racisme, la xénophobie et la discrimination », spécialement « contre les chrétiens et les membres d’autres religions ». De 2012 à 2015, il a  présidé l’Observatoire de la liberté religieuse,

Translate »
Share This