Par Christine Mirre

24/10/2022 CAP Liberté de Conscience

Combien de temps encore le gouvernement français va-t-il continuer à financer la FECRIS (Fédération Européenne des Centres d’Information et de Recherche sur le Sectarisme), une association dont certains de ses membres les plus éminents, en France comme en Russie, sont responsables de la discrimination de minorités religieuses, de la propagation de discours diffamatoires et haineux dont le but est l’imposition de la religion orthodoxe russe par l’élimination de la concurrence et la destruction de la pensée et des valeurs de l’Occident ?

Le précédent vice-président de la FECRIS, Mr Alexander Dvorkin, qui est toujours membre de son conseil d’administration, est connu pour tenir des discours radicaux et d’incitation à la haine contre des minorités religieuses ou de croyance, et ce, au nom même de la FECRIS qui est financée depuis plus de 20 ans par le gouvernement français.

Or, celui-ci affirme, année après année, sa volonté de continuer à la financer, comme cela a encore été officiellement déclaré par la voix de son diplomate Jean-Christophe Peaucelle à l’OSCE (Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe) le 28 septembre dernier lors de la « Warsaw Human Dimension Conference » : « qu’elle [la FECRIS] est soutenue par le gouvernement français, qui entend continuer à soutenir ses activités en France. »

L’avocat de l’association russe affiliée à la FECRIS et de ses membres, Mr Alexander Korelov, ainsi que l’Archevêque Novopashin sont très proches de Mr Dvorkin, considéré depuis des années comme persona non grata en Ukraine, et œuvrent de concert à faire de la propagande pro-russe, avec des affirmations grotesques relevant de thèses complotistes comme cela est décrit dans l’article de Bitter Winter ci-dessus.

Ces déclarations pourraient être simplement considérées comme les folles élucubrations de cerveaux malades, si elles n’avaient pas de dramatiques conséquences et qu’elles n’impliquaient pas le gouvernement français par le biais de sa persistance, sourde et aveugle aux mises en garde exprimées publiquement par des lanceurs d’alerte depuis des années, à vouloir continuer à subventionner la FECRIS à plus de 92%.

Notre ONG, qui jouit du statut ECOSOC de l’ONU, et d’autres ainsi que des institutions internationales telles que l’ USCIRF, alertent depuis des années le gouvernement français du danger que ce financement représente pour la France, reconnue pour ses valeurs envers la laïcité et le respect de la liberté de religion et de croyance, ainsi que son Conseiller pour les affaires religieuses auprès du Ministère des Affaires étrangères Monsieur Peaucelle l’a rappelé à l’OSCE en octobre dernier :

« Ainsi, la France refuse l’instrumentalisation de la religion par les prêcheurs de haine et de violence. Nous sommes déterminés à combattre les extrémismes et les communautarismes religieux qui appellent à la violence, à la haine des autres et au rejet de nos valeurs et qui, en prétendant imposer une vision unique de la religion, prennent les croyants en otage !

(…) Un tel dialogue permet la diffusion d’un contre-discours aux messages radicaux d’incitation à la haine, de favoriser une meilleure connaissance du phénomène religieux des différentes religions et croyances, de lutter contre l’ignorance, les préjugés et les stéréotypes qui en sont les sources pour lutter contre l’intolérance. Si le dialogue interreligieux relève de la responsabilité des autorités religieuses des croyants et des représentants des différents courants spirituels, philosophiques et humanistes, il est du devoir de l’État de faciliter sa mise en œuvre. »

Que faut-il comprendre du déni du gouvernement français face à la menace pour les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité que représentent cette association et ses membres ?

Que faut-il comprendre du double discours du gouvernement français conférant à la schizophrénie, qui d’un côté déclare à l’OSCE le 28 septembre 2022 que la France :

« (…) tient à réaffirmer son fervent attachement à la liberté de religion et de conviction, telle que consacrée par la Constitution française et les engagements internationaux. »

et

« (…) condamne avec la plus grande fermeté l’invasion préméditée, non provoquée, injustifiée et illégale par la Russie de l’Ukraine, un pays indépendant. »

puis qui affirme

« Nous condamnons l’utilisation généralisée de la désinformation et la manipulation de l’information par les autorités russes ainsi que par les médias russes pour justifier l’agression militaire en cours sur le territoire ukrainien. »

et de l’autre, persiste à soutenir, financer et défendre une association dont certains membres sont factuellement impliqués (lien livre fecris) dans la propagande de l’idéologie pro-russe et hostile à la diversité religieuse ?

En outre, la même culture diffamatoire et haineuse d’associations affiliées à la FECRIS sévit sur le territoire de la France. Des tribunaux à Paris, Marseille, Rouen et Douai notamment ont condamné de tels actes depuis des années, et d’autres pays de l’Union européenne n’y ont pas non plus échappé.

Quelles pourront bien être les justifications de la France quant à ce soutien inconditionnel, en dépit du bon sens et des valeurs qu’elle incarne quand viendra l’heure des comptes ?

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