Par Jan Leonid Bornstein

The European Times (22.05.2023) – La FECRIS est la Fédération européenne des centres de recherche et d’information sur les sectes, une organisation faîtière financée par le gouvernement français, qui rassemble et coordonne les organisations “anti-sectes” à travers l’Europe et au-delà. Elle a fait l’objet de plusieurs de nos articles récemment, pour son soutien à la propagande russe contre l’Ukraine, qui avait commencé bien avant l’invasion de l’Ukraine, mais qui a récemment atteint son paroxysme par l’intermédiaire de ses représentants russes.

En France, la FECRIS est en ce moment poursuivie en justice, par une ONG dotée du statut consultatif auprès des Nations unies, CAP Freedom of Conscience (Liberté de conscience). L’ONG demande au tribunal de Marseille de prononcer la dissolution de la FECRIS en raison de ses activités illégales, notamment pour le soutien qu’elle apporte à ses membres russes qui dénoncent avec véhémence l’Ukraine.

La FECRIS sous surveillance

Se sentant sous surveillance depuis le début de la guerre en Ukraine, la FECRIS avait d’abord caché sur son site web les noms de ses associations russes. Cela n’a pas empêché 82 éminents universitaires ukrainiens d’écrire au président Macron pour lui demander de mettre fin au financement de la FECRIS par le gouvernement français. Récemment, la FECRIS s’est contentée de retirer de son site web la liste complète de ses membres. Pendant ce temps, l'”antisecte” orthodoxe russe et antiukrainien Alexander Dvorkin faisait toujours partie du conseil d’administration de la FECRIS, après en avoir été le vice-président pendant 12 ans, une sorte d’épine dans le pied de la FECRIS, aux prises avec son procès et sa réputation catastrophique à l’échelle internationale.

Il y a quelques jours, une nouvelle liste a été mise en ligne sur leur site web, qui ne mentionnait bien sûr plus aucune association membre russe. Mais il est intéressant de noter que la liste qui contenait 57 associations avant la guerre ne compte plus que 19 membres… Il s’agit d’une indéniable diminution. La liste est précédée d’un avertissement : “toute association (et ses membres) ne figurant pas sur cette liste ne fait pas ou plus partie de la FECRIS”. Cela signifie-t-il que la FECRIS est en train de se réduire comme peau de chagrin, ou que ses 57 membres étaient des faux ? C’est ce que nous voulions comprendre.

Les membres ne sont pas autorisés à répondre

Nous avons donc écrit à tous les membres actuels et “anciens” de la FECRIS pour leur poser quelques questions sur ces nouveaux changements. La plupart de nos demandes sont restées sans réponse, y compris de la part du président de la FECRIS, le député belge André Frédéric, mais nous avons obtenu des réponses, peu nombreuses mais pertinentes.

Une association italienne qui avait été retirée de la liste, S.O.S. ANTIPLAGIO, a répondu qu’elle ne savait pas qu’elle avait été retirée de la liste et qu’elle n’en avait pas été avertie.

Le Trésorier de la FECRIS Didier Pachoud a refusé de répondre et a déclaré qu’il préférait que les réponses viennent du Président de la FECRIS. Il m’a dit qu’il lui avait transmis les questions (que j’avais déjà envoyées) mais je n’ai jamais eu de réponse du président.

L’ancien président de la FECRIS, Friedrich Griess, a commencé par répondre qu’il n’était pas autorisé à répondre. Autorisé par qui ? J’ai insisté poliment et lui ai demandé ce qu’il pensait des nombreuses déclarations d’Alexander Dvorkin et d’autres membres russes de la FECRIS concernant la guerre en Ukraine et du fait que l’Ukraine serait dirigée par des “sectaires” manipulés par l’Occident. Il m’a finalement dit qu’il était “au courant de la situation”, qu’il ne soutenait “en aucune façon la politique de M. Poutine” et qu’il était “très mécontent de la situation actuelle car” il est “un bon ami de M. Dvorkin”.

Enfin, le directeur de l’A.V.P.I.M. – Association des Victimes des Pratiques Illégales de la Médecine, Belgique, a donné une réponse intéressante. Il m’a expliqué qu’il n’avait pas été en contact avec la FECRIS pendant 15 ans, donc avant qu’Alexander Dvorkin ne devienne vice-président de la FECRIS, et il a ajouté qu’il n’avait jamais été un membre actif de la FECRIS. Comme son association figurait en bonne place comme affiliée sur le site web de la FECRIS en 2022, cela a éveillé ma curiosité.

J’ai donc examiné au hasard quelques-unes des 38 associations qui n’étaient pas répertoriées.

Faux membres ou membres désaffectés

L’un d’entre eux, un groupe suédois appelé Föreningen Rädda Individen (“Sauver l’association individuelle”), a vu son site web disparaître fin 2020, et ses derniers articles dataient de 2017. Il semble donc que l’association n’ait pas été active au cours des six dernières années, alors qu’elle figurait encore récemment sur la liste des membres de la FECRIS.

Une autre association, NSS, National Spiritual Security of Armenia, avait une adresse de site web qui renvoie directement au National Security Service of Armenia, le principal service de renseignement du pays. Cela signifie-t-il que la FECRIS travaille activement avec ce service de renseignement, comme elle l’a fait avec le FSB et d’autres services de renseignement dans de nombreux pays ? Dieu seul le sait. Mais il est certain que ce “membre”, qu’il n’ait jamais existé ou qu’il soit réellement le service de renseignement arménien, a eu un goût de faux.

L’association répertoriée sous le nom de S.A.D.K. – Schweizerische Arbeitsgemeinschaft gegen destruktive Kulte, en Suisse, était en fait un Centre d’information évangélique, ce qui, pour la FECRIS française, peut avoir un caractère peu laïque.

L’une des associations disparues, Sektenberatung Bremen (“Conseil sur les sectes de Brême”), en Allemagne, semblait être une activité unipersonnelle, n’avait pas de site web et, depuis la fin des années 90, il n’y a plus de nouvelles d’elle nulle part.

L’Association of Religious Study Centers, au Kazakhstan, n’avait qu’une page Facebook qui n’existe plus, du moins depuis 2021. Elle n’a jamais été scannée par Web.archive.org.

Une association française de la FECRIS, Attention Enfants, a vu son site web disparaître après mai 2021. À cette date, le dernier article du site datait de 2006.

Une association lituanienne nommée C.P.B. – Cult Prevention Bureau n’a jamais eu de site web, et aucune activité d’une structure de ce type ne peut être trouvée sur internet, même en lituanien. A-t-elle jamais existé ? Là encore, Dieu seul le sait.

Comme nous l’avons déjà expliqué en novembre, le Centre d’aide aux victimes de sectes destructrices “Dialogue” de la ville de Dneprpetrovsk, en Ukraine, “n’a pas publié une seule ligne sur son site web depuis 2011″. Il semble que cette association membre ait cessé son activité il y a plus de 10 ans mais qu’elle reste sur le site de la FECRIS pour augmenter le nombre de ses membres”. La FECRIS a tenté de se défendre contre les accusations d’être pro-russe en déclarant qu’elle avait des membres ukrainiens, mais en fait l’un d’entre eux n’était pas actif depuis 10 ans, et l’autre était une organisation ukrainienne pro-russe.

Une association norvégienne de la FECRIS appelée Foreningen Redd Individet (“Sauver l’association individuelle”) n’avait pas de site web et n’a pu être trouvée nulle part sur Internet, du moins après une recherche rapide, à part sur les sites web associés à la FECRIS. Peut-être a-t-elle existé malgré tout, mais avant l’existence d’Internet…

Infosec, en Moldavie : Pas d’activité, pas de site web. Sur le site du groupe non répertorié de la FECRIS, Pancyprian Parents Union, à Chypre, les dernières publications datent de 2010. En Suède, RAM – Riksorganisationen Aktiva mot Manipulering (“Organisation nationale active contre la manipulation”) n’a ni site web ni activité. Ensuite, l’association ukrainienne U.N.I.A. – Ukrainian Network “InterAction”, a vu son site web disparaître en 2014, mais même là, aucun article n’avait été publié depuis juin 2010.

Fausser la liste

Inutile de poursuivre. Il y a en fait deux groupes qui ont été retirés du site web de la FECRIS : l’un est le groupe des membres russes, que la FECRIS a soutenu pendant plus d’une décennie et qui n’a disparu que lorsque le risque pour la réputation de la FECRIS est devenu trop grand pour qu’ils restent à bord. Par leur intermédiaire, la FECRIS a soutenu activement la propagande russe contre l’Ukraine. Les membres russes ont eu leur principal dirigeant, Alexander Dvorkin, comme vice-président de la FECRIS jusqu’en 2021 et qui fut membre du conseil d’administration jusqu’en mars 2023. La FECRIS n’a jamais fait de déclaration publique pour dénoncer les activités anti-ukrainiennes de ses membres, bien au contraire, elle a cautionné leur propagande pendant des années, les invitant à prendre la parole lors de ses symposiums annuels, aux côtés de membres officiels des gouvernements français et belge.

L’autre groupe, peut-être le plus important, est constitué d’associations qui, en fait, ont cessé leur activité depuis longtemps, si tant est qu’elles en aient eu une. La FECRIS les maintenait dans la liste des membres pour une seule raison : faire plus grosse lorsqu’elle allait réclamer des subventions au gouvernement français.

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